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Le drapeau franco-ontarien célèbre ses 50 ans!

23 septembre 2025

Le drapeau franco-ontarien célèbre ses 50 ans!

Par Amélie Cournoyer, rédactrice agréée

Le 25 septembre 2025 marquera le 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien. Plus qu’un simple emblème, ce drapeau vert et blanc est devenu un puissant symbole d’identité, de solidarité et de résistance pour la communauté francophone de l’Ontario.

L’idée de concevoir un drapeau distinctif pour la communauté franco-ontarienne a germé dans les esprits au cours des années 1960. La Fédération des sociétés Saint-Jean-Baptiste de l’Ontario (FSSJBO) est le premier groupe à proposer un drapeau. Elle souhaite créer un symbole purement franco-ontarien afin de se distinguer de son homologue québécoise, sans toutefois renier son héritage canadien-français. Le drapeau conçu est donc semblable à un des ancêtres du drapeau québécois, le Carillon Sacré-Cœur, mais avec un trille (le symbole floral de l’Ontario) au centre de la croix blanche plutôt que le Sacré-Cœur.

Drapeau franco-ontarien - Articles | Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française – histoire, culture, religion, héritage

Dès 1964, la FSSJBO profite des discussions à la Chambre des communes entourant l’adoption de l’unifolié (le drapeau du Canada) ainsi que des célébrations du centenaire de la Confédération canadienne pour tenter de convaincre les écoles, les conseils municipaux, les paroisses et l’ensemble de la population d’adopter son drapeau. Mais ses efforts resteront vains et ce dernier tombera rapidement dans l’oubli.

 

La création d’un symbole rassembleur 

Le début des années 1970, en Ontario, est marqué par un mouvement d’affirmation culturelle et identitaire chez les francophones. C’est dans ce contexte que Gaétan Gervais, un professeur d’histoire à l’Université Laurentienne, ainsi que Michel Dupuis, un étudiant en science politique à la même université, ont conçu, dans le plus grand des secrets, un drapeau distinctif pour leur communauté. « Dès le début de l’histoire du drapeau, on voit l’importance, pour l’Ontario francophone, de la synergie entre les élèves et le personnel enseignant », fait remarquer Jacynthe Dupont, directrice générale du Réseau du patrimoine franco-ontarien (RPFO).

« Le fait que ce duo ait conçu un symbole qui nous parle encore aujourd’hui est un bel exemple de l’importance pour le personnel enseignant de travailler ensemble avec nos élèves. Les résultats sont encore meilleurs! », ajoute Gabrielle Lemieux, présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO).

 

La signification du drapeau

Le drapeau de Gaétan Gervais et de Michel Dupuis diffère de celui proposé 10 ans plus tôt. Simple, il se compose de deux carrés : celui de gauche comprend la fleur de lys blanche sur un fond vert et celui de droite, un trille vert sur un fond blanc. « Sa fleur de lys, symbole de la francophonie, rappelle clairement les 400 ans de présence française en Ontario et traduit le profond enracinement de la communauté franco-ontarienne, tandis que le trille affirme l’attachement de la communauté à la province », peut-on lire sur le site Web de la Fiducie du patrimoine ontarien.

Quant aux couleurs du drapeau, il semble que le rouge et le bleu – qui sont rattachés aux drapeaux canadien et québécois – ont été sciemment écartés afin de créer un étendard distinct pour la population franco-ontarienne. Les créateurs ont plutôt opté pour le vert, qui symbolise les mois d’été, et le blanc, qui évoque les mois d’hiver en Ontario. Pour Jacynthe Dupont, ce choix de couleurs fait ressortir la dualité saisonnière présente dans la province, une dualité qui se retrouve aussi dans les combats menés par nos communautés.

Gabrielle Lemieux y voit pour sa part une évocation de nos racines et de notre histoire. « Le blanc de nos hivers est un rappel qu’en Ontario, malgré les difficultés d’être en milieu minoritaire, on peut contrer cet isolement parce qu’on est plusieurs d’un bout à l’autre de cette grande province. Et le vert représente tout le dynamisme et la vitalité de nos étés, de nos communautés, qui, année après année se relève les manches, se rassemblent et font vibrer cette francophonie », dit-elle.

 

L’acceptation du drapeau : une histoire de temps

Le premier lever du drapeau franco-ontarien a lieu à l’Université de Sudbury le 25 septembre 1975. Dans le but que la population s’approprie plus aisément ce symbole, les créateurs refusent d’en revendiquer la paternité. « Il y a tout un groupe d’élèves ainsi que de professeures et de professeurs qui se sont rassemblés pour le hisser et en faire la promotion. Les créateurs voulaient éviter que le drapeau soit associé à eux, à leur université ou à la ville de Sudbury afin que les gens s’y identifient plus facilement », raconte Joanne Gervais, directrice générale de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) du grand Sudbury. Joanne Gervais, qui est également la sœur de Gaétan Gervais, ajoute : « Ils ont gardé le secret pendant 20 ans! » 

Le drapeau ne s’impose pas instantanément, mais son adoption officielle par l’ACFO en 1977 marque un grand pas dans sa reconnaissance publique. Les Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens deviennent ainsi la troisième communauté francophone au Canada à se doter d’un drapeau après le Québec et l’Acadie.

La population se l’approprie de façon graduelle par la suite, principalement grâce aux écoles élémentaires et secondaires qui le hissent devant leur établissement. « Il ne faut pas oublier que les premières institutions à faire flotter fièrement le drapeau, c’étaient les écoles », rappelle Joanne Gervais.

En parallèle, le drapeau vert et blanc devient un symbole rassembleur pour la population franco-ontarienne dans les moments de lutte et de résistance, par exemple pendant la crise scolaire de Penetanguishene en 1979 ou durant la crise SOS Montfort en 1997.

 

Un emblème officiel

En 2000, des célébrations sont organisées afin de souligner le 25e anniversaire du drapeau franco-ontarien. Puis, l’année suivante, ce dernier est officiellement reconnu comme emblème officiel des communautés franco-ontariennes à la suite de l’adoption, par l’Assemblée législative de l’Ontario, de la Loi de 2001 sur l’emblème franco-ontarien. Cependant, les municipalités de la province ne sont pas toutes enthousiastes à l’idée de faire flotter ce drapeau devant leur mairie. Le conseil municipal de Sudbury, par exemple, refuse de donner suite à une pétition de 15 000 signatures demandant d’ériger en permanence le drapeau en face de l’hôtel de ville.

Malgré une certaine opposition, le drapeau vert et blanc continue de prendre une place de plus en plus importante dans l’espace public. Des exemplaires de très grands formats sont notamment installés devant les 18 Monuments de la francophonie qui sont érigés aux quatre coins de l’Ontario dès 2006.

La preuve que le drapeau fait désormais partie intégrante de l’identité franco-ontarienne : la journée de son premier déploiement est proclamée le Jour des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes, en 2010. Depuis, diverses activités, dont plusieurs levers de drapeau, sont organisées à travers la province le 25 septembre de chaque année.

Il faut toutefois attendre en 2020 pour que l’Assemblée législative de l’Ontario adopte le projet de loi 182, faisant du drapeau franco-ontarien un emblème officiel de la province. L’année suivante, il est installé en permanence dans la Chambre législative et sur les terrains de l’Assemblée législative. « En 1975, les créateurs du drapeau n’auraient jamais pu espérer une telle reconnaissance », commente Joanne Gervais.

 

Un signe de résistance

Aujourd’hui, le drapeau trône devant les écoles, les centres culturels et les autres institutions francophones. On le voit également flotter lors des événements militants ainsi que des activités culturelles et sportives. Il représente plus de 400 ans de présence francophone en Ontario. « C’est un symbole qui continue d’être porteur de fierté et de visibilité. Il est très rassembleur pour les communautés franco-ontariennes », note Jacynthe Dupont.

Bien qu’elle soit jalonnée de petites et de grandes victoires, l’histoire du drapeau est tout de même ponctuée de quelques défaites. Récemment, en 2024, la municipalité de Greenstone, dans le nord de la province, a décidé de ne plus déployer le drapeau en permanence devant l’hôtel de ville, comme c’était le cas depuis 10 ans.

En guise de protestation et dans le but que le symbole soit encore plus visible et présent, des gens de partout en Ontario ont envoyé des drapeaux à Greenstone. « Cet événement nous rappelle que la présence du français dans nos institutions n’est pas un acquis. C’est une lutte qui est toujours à recommencer afin que les communautés francophones en Ontario restent visibles et qu’elles soient entendues », affirme la présidente de l’AEFO.

Jacynthe Dupont abonde dans le même sens : « Le drapeau est un symbole de résistance. Il ne représente pas seulement une culture, mais aussi une lutte constante pour la reconnaissance et la survie du français en Ontario, même encore aujourd’hui. »

 

Le drapeau dans nos écoles et nos communautés

Pour les communautés franco-ontariennes, le drapeau vert et blanc représente un véritable symbole de l’identité franco-ontarienne. « C’est notre point de ralliement et notre badge de fierté lorsque nous sommes en public. Nous l’utilisons pour montrer notre attachement à cette belle communauté linguistique », résume Peter Hominuk, directeur général de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).

Hissé devant les écoles, il est un signe d’appartenance visible et rassembleur. « Il ne faut pas oublier que l’école est le pilier des communautés francophones dans plusieurs villes et villages », indique Gabrielle Lemieux. Peter Hominuk renchérit : « Voir le drapeau flotter devant l’école permet aux jeunes de sentir qu’elles et ils font partie intégrante de leur communauté. »

Par ailleurs, l’étendard rappelle au personnel scolaire son rôle primordial dans la mise en valeur de l’histoire franco-ontarienne auprès des élèves. « Le personnel scolaire a toujours eu un rôle clé dans le développement et le façonnement de nos communautés francophones partout en Ontario », poursuit la présidente de l’AEFO.

Bref, le drapeau franco-ontarien évoque l’importance de l’éducation en français pour la survie et la vitalité des communautés. « Ce n’est pas pour rien que le drapeau est encore de mise devant nos écoles. Il nous rappelle que, si les communautés franco-ontariennes sont encore présentes et visibles, c’est parce qu’elles se font éduquer dans leur langue », dit Jacynthe Dupont.

 

Les célébrations du 50e anniversaire

Cette année, l’Ontario célèbre le 50e anniversaire du tout premier lever de drapeau franco-ontarien. Une célébration officielle se déroulera le 25 septembre à l’Université de Sudbury. L’honorable Edith Dumont, la première francophone à occuper la fonction de lieutenante-gouverneure de l’Ontario, a accepté le haut patronage des activités.

« Le 50ᵉ anniversaire du drapeau franco-ontarien est une occasion de célébrer une francophonie vivante et plurielle, ancrée dans tous les aspects de notre société, de l’éducation à la culture, des affaires aux services publics. Ce symbole reflète la force de notre langue et de nos communautés, unies par l’histoire et tournées vers l’avenir. C’est un moment de fierté où francophones et francophiles se reconnaissent dans une identité partagée », a déclaré l’honorable Edith Dumont, qui a mené une longue et brillante carrière dans le domaine de l’éducation avant de représenter le roi du Canada.

« L’AFO, l’Université de Sudbury et du grand Sudbury ont décidé de travailler ensemble afin d’organiser des activités grandioses pour le 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien. L’idée est de coordonner un événement marquant à Sudbury tout en s’assurant qu’il y a un maximum de levers de drapeau à travers la province », rapporte Peter Hominuk.

Ces activités se veulent plus que de simples commémorations : elles rendront hommage aux créateurs du drapeau, tout en fêtant le dynamisme des communautés franco-ontariennes. « Puisque nous sommes minoritaires, nous travaillons d’arrache-pied pour chacune de nos avancées et nous nous donnons rarement l’occasion de célébrer. Le 50e anniversaire du drapeau est donc une formidable occasion de parler de nos réussites, de nos succès ainsi que de célébrer publiquement haut et fort », clame Joanne Gervais.

 

 

Le logo  officiel des célébrations – symbole de la fierté, de la résilience et de l’évolution de la francophonie ontarienne – a été dévoilé au printemps dernier. « Fêter 50 ans d’un symbole est l’occasion pour les communautés franco-ontariennes de se réapproprier leur histoire et de souligner le chemin qu’elles ont parcouru », pense Jacynthe Dupont. Elle ajoute : « Dans nos écoles, c’est un bon moment pour reparler de l’histoire franco-ontarienne, parce qu’il faut savoir d’où on vient pour savoir où on va. »

Pour découvrir toutes les activités du 50e anniversaire dans votre région, consultez la carte interactive de l’AFO. Sachez d’ailleurs que les festivités ne s’arrêteront pas au 25 septembre. « Nous voyons cela comme une année de festivités. Il y aura des levers de drapeau le 25, mais les gens pourront continuer de célébrer toute l’année », assure Peter Hominuk. Il conclut : « Comme il a su nous unir, notre drapeau mérite que nous nous rassemblions pour lui rendre hommage. Profitons-en pour montrer que nos communautés sont toujours aussi fières, résilientes et présentes qu’il y a 50 ans! »

 

Sources : heritagetrust.on.ca, monassemblée.ca, l-express.ca, journallereflet.com, ola.org, thecanadianencyclopedie.ca, ici.radio-canada.ca

Le drapeau franco-ontarien célèbre ses 50 ans!

La présidente de l’AEFO, Gabrielle Lemieux, tient à rappeler que les couleurs de l’AEFO sont celles du drapeau franco-ontarien.

 

« Nous sommes un syndicat, donc nous militons pour les droits des travailleuses et des travailleurs, dit-elle. Mais notre identité francophone est au centre de toutes nos actions. C’est ce qui nous distingue comme association. Autant nous tirons une grande fierté du fait d’être francophones, autant nous portons une grande responsabilité : celle de continuer à travailler pour assurer la pérennité de l’éducation de la langue française en Ontario. »
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