24 septembre 2025
Par Amélie Cournoyer, rédactrice agréée
S’étendant de Clarence-Rockland au nord à Cornwall au sud, de Saint-Eugène à l’est jusqu’à Prescott et Russell à l’ouest, l’Unité 65 de l’AEFO couvre une petite région où la proximité devient une force et un facteur de dynamisme.
L’Unité 65 – Est Catholique regroupe environ 715 membres du personnel enseignant et 505 membres du personnel suppléant, qui travaillent dans 32 écoles (25 élémentaires et 7 secondaires).
« C’est l’une des seules unités de la province que l’on peut parcourir du nord au sud et d’est en ouest en une journée. C’est plus facile pour le syndicat d’être proche de ses membres », évoque Mathieu Léonard, enseignant en éducation physique à l’école élémentaire catholique Saint-Victor à Alfred et membre du comité directeur de l’Unité 65.
La petitesse du territoire pourrait représenter un frein au dynamisme de l’Unité 65, mais au contraire : c’est une force. Les assemblées locales attirent chaque année une quantité de membres, la dernière réunissant un nombre record de 176 personnes. « Le voyagement est facile, contrairement à d’autres unités, où les membres ont parfois plusieurs heures de route à faire et doivent se louer une chambre d’hôtel pour assister à leur assemblée locale », commente Frédéric Gendron, président de l’Unité 65.
De plus, la proximité des écoles facilite la tenue de deux conseils de déléguées syndicales et délégués syndicaux par année, ce qui permet au groupe de maintenir un dialogue constant et d’échanger sur les dossiers de l’heure.

Frédéric Gendron, président d’unité (à gauche), entouré de nouveaux membres lors de la rencontre organisée pour les accueillir.
La région, majoritairement rurale et agricole, est composée de petites villes et de nombreux villages. Les écoles occupent, par conséquent, une place centrale dans la vie communautaire de nombreuses municipalités. « Dans plusieurs villages, l’école est le lieu de rassemblement de la population franco-ontarienne, leur centre communautaire », souligne Frédéric Gendron.

Assemblée annuelle 2025 de l’Unité 65 – Est catholique
Les écoles de l’Unité 65 sont donc très dynamiques. Des activités culturelles, comme des spectacles à grand déploiement, et des événements de toutes sortes sont régulièrement organisés grâce à l’engagement du personnel enseignant, en collaboration avec les élèves et leur communauté. L’an dernier, par exemple, l’École secondaire catholique de Casselman a amassé un montant record de 143 270,57 $ pour la Société canadienne du cancer. Elle a ainsi été nommée l’école francophone au Canada ayant recueilli le plus d’argent dans l’histoire du Relais pour la vie Jeunesse.
Quant au Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien (CSDCEO) – le seul employeur de l’Unité 65 –, il a réussi à s’illustrer à l’échelle nationale cette année en acquérant une certification ÉcoÉcoles Canada à 100 %. Si le CSDCEO est l’un des rares conseils dans le pays à avoir obtenu ce sceau officiel, c’est encore une fois grâce à la mobilisation du personnel enseignant, qui est soucieux de transmettre des valeurs environnementales aux élèves.
Le dynamisme de l’Unité 65 repose aussi sur l’engagement de ses leaders. Après environ 8 ans de carrière, Mathieu Léonard a été approché par quelques membres du comité directeur de l’unité de l’époque pour devenir délégué syndical. « Je n’ai jamais lâché depuis », raconte-t-il. Puis, il y a une dizaine d’années, il a voulu aller plus loin dans son engagement en devenant membre du comité directeur de l’unité. « Au départ, je souhaitais seulement aller chercher les informations à la source pour mieux informer les membres. Mais j’ai compris qu’en étant à la source, on peut non seulement partager son point de vue sur le fonctionnement de l’unité, mais aussi contribuer activement à son amélioration. »

Mathieu Léonard, membre du comité directeur et délégué syndical à l’École élémentaire catholique Saint-Victor
Quant à Frédéric Gendron, il s’est impliqué au sein de l’AEFO dès qu’il a commencé à enseigner en 2002 en participant à diverses formations, à des comités et aux assemblées annuelles locales et provinciales. « J’ai toujours voulu en savoir plus sur le déroulement des négociations collectives et sur les décisions syndicales », explique-t-il. Depuis, il a été membre du comité directeur de l’unité et du comité exécutif de l’AEFO, puis il siège au conseil d’administration de l’association depuis 2023.
L’Unité 65 couvre une région où la francophonie est profondément enracinée. Selon les données de 2021 de Statistique Canada, même si l’Est représente seulement 13 % de la population totale en Ontario, c’est 45 % de la population francophone de la province qui y habite. Et 73 % des gens de la région utilisent le français au travail régulièrement ou le plus souvent, la moyenne provinciale étant de 56 %. La proximité avec le Québec est l’une des raisons qui font que les gens parlent davantage français dans leur vie quotidienne et qui contribuent à maintenir une qualité de la langue.
Cela dit, le visage des communautés francophones sur le territoire de l’Unité 65 a commencé à se diversifier ces dernières années. « Notre région a longtemps été un milieu très homogène, comparativement au reste de l’Ontario. Mais nous avons de plus en plus de membres et d’élèves issus de l’immigration. Selon moi, c’est une richesse pour notre région et pour nos communautés », soutient Frédéric Gendron.
Cet afflux migratoire est en effet plus que bienvenu dans la région, puisqu’il contribue notamment à contrer la pénurie de personnel enseignant qui se fait sentir dans toute la province, l’Unité 65 y comprise. « Quand j’ai commencé à enseigner, mes collègues devaient souvent quitter la région pour obtenir des postes en début de carrière, alors que, maintenant, on a de la difficulté à pourvoir nos postes vacants. C’est un phénomène nouveau pour nous. On vit une réelle pénurie », dit Mathieu Léonard.
Il faut dire que la compétition pour les inscriptions d’élèves ainsi que l’embauche de personnel enseignant et suppléant est importante. Près des frontières, par exemple, les écoles de l’Unité 65 rivalisent avec les écoles publiques catholiques d’Ottawa. À Cornwall, c’est le réseau anglophone qui est bien implanté et qui attire les familles francophones. « Pour faire face à la concurrence, des ajustements ont été apportés, comme une flexibilité accrue pour la suppléance et des changements dans le calendrier de repêchage », précise Mathieu Léonard.
Pour relever ses défis, l’Unité 65 doit mettre l’accent particulièrement sur la valorisation de la langue française et de la profession enseignante. « Cela nous permettra de conserver notre langue et notre profession en santé », pense Mathieu Léonard.
Heureusement, l’Unité 65 a sans aucun doute la force, le dynamisme et, surtout, les membres pour y arriver!