Par Philippe Bovin, rédacteur agréé
L’Unité 202 représente le personnel de soutien du Lycée Claudel, à Ottawa, pour qui l’AEFO a récemment négocié des augmentations de salaire plus que nécessaires.
Accueillant des élèves d’origines et d’horizons nationaux divers qui souhaitent participer à une immersion en français, le Lycée Claudel est affilié à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). Ce réseau rassemble plus de 525 lycées français à travers le monde.
Grâce à un enseignement plurilingue et à des échanges culturels, chaque élève du Lycée Claudel a l’occasion, de la maternelle jusqu’à la terminale, d’y acquérir des habiletés particulières en français parlé et écrit ainsi que dans d’autres langues. « En plus de leur diplôme d’études secondaires, nos finissantes et finissants décrochent un baccalauréat français, qui témoigne de leurs compétences dans cette langue », souligne la présidente de l’Unité 202, Bonna Fidei Baraka.
Un système d’encadrement de l’élève bénéfique
Au Lycée Claudel, chaque élève bénéficie d’un encadrement rigoureux grâce au Pôle vie de l’élève, un système provenant de l’AEFE. Ainsi, une quinzaine de membres du personnel de soutien, notamment des surveillantes et surveillants, des intervenantes et intervenants ainsi que des assistantes et assistants, veillent au bien-être des élèves en dehors des heures de cours, tout en tenant compte des besoins particuliers de certaines et certains.
Coordonnatrice élémentaire au Lycée depuis 2010, Fairouz Hanou fait partie de ce groupe. Entre autres tâches, elle gère l’équipe de surveillance durant l’heure du dîner, en plus de celle de la garderie d’après-midi. Elle est aussi responsable de l’assiduité des élèves, pour laquelle elle surveille de près les retards et absences (ainsi que leurs motivations). « Autant pour la gestion de l’assiduité des élèves que pour la résolution de problèmes, je suis constamment en contact avec les parents. C’est donc un travail qui demande discernement et diplomatie », estime-t-elle.
Une nouvelle présidente disponible et à l’écoute
Présidente de l’Unité 202 depuis septembre dernier, Bonna Fidei Baraka voit cette nomination comme la suite logique de son implication syndicale, elle qui a occupé le rôle de déléguée syndicale les deux années précédant ce changement. « Je voulais non seulement m’impliquer davantage dans les négociations, mais aussi assurer le pont entre nos membres, l’AEFO et l’employeur. En tant que présidente, j’ai la chance de défendre les intérêts de tous ceux et celles qui accompagnent, directement ou indirectement, les jeunes francophones vers la réussite », déclare-t-elle.
La présidente de l’AEFO, Gabrielle Lemieux, salue d’ailleurs l’arrivée de la nouvelle présidente, qui occupe depuis six ans le poste d’assistante du Pôle vie de l’élève au Lycée Claudel : « Bonna était la candidate toute désignée. Elle possède cette force, cette détermination et ce doigté essentiels pour bien remplir le rôle. En plus, elle est rassembleuse, fiable et à l’écoute. C’était tout naturel pour nous de l’accueillir dans nos rangs. »
La principale intéressée avoue humblement que les membres viennent à elle naturellement pour des questions et des conseils. « C’est peut-être parce que j’ai trois enfants : je demeure constamment en mode ouverture et bienveillance! », lance-t-elle le sourire dans la voix.
Les négociations dans le secteur privé : plus simples, mais pas sans défis
Puisque le Lycée Claudel est une institution privée, les négociations se font en l’absence d’un conseil scolaire et du gouvernement provincial, ce qui simplifie et accélère considérablement le processus. Cela étant dit, le conseil d’administration de l’école, qui est constitué de parents d’élèves, de membres du personnel et de membres de l’administration, doit approuver les dépenses de l’établissement, incluant les salaires.
« À la table de négociation, on trouve le proviseur, soit le directeur général du Lycée, le directeur administratif et financier, la directrice des ressources humaines, le directeur du primaire ainsi qu’un parent membre du conseil d’administration, en plus de l’agente ou l’agent d’unité et de la ou du cadre en relations de travail de l’AEFO », détaille Bonna Fidei Baraka. De plus, les parties A et B de la convention collective sont négociées en même temps et avec les mêmes personnes, contrairement aux unités qui représentent des institutions publiques.
Un autre avantage : les demandes sont réalistes dès le départ. « On est au courant des ressources dont dispose l’employeur. On ajuste donc nos demandes en fonction de ce que le Lycée peut réellement fournir », clarifie la présidente. Cela évite des allers-retours à la table de négociation.
Une belle victoire du côté salarial
Alors que le corps enseignant du Lycée Claudel est regroupé sous l’Unité 201, le personnel de soutien, celui administratif (qui travaille au secrétariat, à l’accueil, à l’admission, en communications, en comptabilité, aux opérations et dans les laboratoires) ainsi que les éducatrices et éducateurs en maternelle font plutôt partie de l’Unité 202.
Malheureusement, les salaires des membres de cette unité ont longtemps été insuffisants, malgré leurs rôles essentiels et leurs responsabilités nombreuses. « Avant 2023, notre personnel de soutien et administratif était celui qui était le moins bien payé en lien avec les salaires du personnel enseignant, et ce, parmi tous les établissements d’enseignement en Ontario », explique Bonna Fidei Baraka.
Pour diminuer cet écart dans les salaires au sein d’un même établissement scolaire, l’AEFO a entrepris des négociations avec l’employeur à l’automne 2023, qui se sont déroulées jusqu’au printemps de l’année suivante, moment où les membres du syndicat ont accepté l’accord de principe.
« Auparavant, nos augmentations fonctionnaient par pourcentage, mais ce n’était pas avantageux pour la plupart d’entre nous. Bonifier le taux horaire d’un montant fixe représente une belle avancée pour nos membres », précise la présidente. La nouvelle convention collective comporte également certaines améliorations du côté des avantages sociaux.