Par Amélie Cournoyer, rédactrice agréée 

Dans les milieux de travail francophones en Ontario, la pluralité et la multiplicité des parcours au sein du personnel représentent une richesse à valoriser. 

Depuis plusieurs années, les milieux de travail francophones en Ontario accueillent un nombre croissant de personnes aux origines diverses. Qu’elles arrivent des autres provinces canadiennes, d’Afrique, des Caraïbes, d’Europe ou d’ailleurs dans le monde, ces personnes ont comme point en commun la langue française.

Dans un contexte où l’immigration est considérée comme cruciale pour maintenir la vitalité du français en Ontario et l’essor de nos communautés, les recrutements diversifiés permettent non seulement de pourvoir à des postes dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, mais aussi de bâtir des milieux de travail qui reflètent la pluralité de la francophonie.

Des écoles multiculturelles

Selon les données de 2022 de Statistique Canada, presque la moitié des élèves (49 %) qui fréquentent les écoles de langue française en Ontario viennent de l’immigration. Il importe donc que ce multiculturalisme se reflète au sein du personnel enseignant ainsi que du personnel professionnel et de soutien afin d’offrir une multitude de modèles aux jeunes. L’école confirme ainsi que l’inclusion fait partie de ses valeurs fondamentales.

L’expérience démontre que, lorsque la diversité au sein du personnel éducatif reflète celle des élèves, cela favorise l’intégration scolaire et sociale des élèves nouvellement arrivés au Canada en renforçant leur réseau d’accueil et de soutien. Les membres du personnel ayant vécu un parcours d’immigration peuvent en effet partager leurs propres expériences avec ces élèves et représenter des repères culturels qui facilitent leur adaptation et leur intégration dans la communauté franco-ontarienne.

Par ailleurs, le personnel issu de l’immigration est bien placé pour comprendre la réalité des parents de ces élèves. Il pourrait, par exemple, expliquer aux parents l’importance du rôle à jouer dans la réussite scolaire de leurs enfants, sachant que ce n’est pas le cas dans tous les pays. 

Selon Gabrielle Lemieux, présidente de l’AEFO, tous ces facteurs contribuent au succès scolaire des élèves. « Les recherches confirment que celles et ceux qui se sentent accueillis et acceptés dans leur école ont plus de chances de réussir leurs études et de réaliser leur plein potentiel », commente-t-elle.

Former des citoyennes et des citoyens du monde

Pour l’ensemble des élèves, l’interaction avec du personnel aux origines variées est une ouverture sur le monde. Elles et ils découvrent ainsi que la francophonie est plurielle, composée de différents accents, cultures, origines, traditions et parcours. Puis le fait de voir leur langue maternelle portée et transmise par des adultes provenant d’horizons divers leur offre une image positive de la francophonie, éloignée des stéréotypes et des frontières géographiques.

« En offrant aux élèves une éducation qui valorise la pluralité des cultures, les écoles contribueront à former des citoyennes et citoyens du monde, conscients de la richesse culturelle et engagés dans une société ontarienne unie et solidaire​ », affirme Levit Koloko, président de la Coopérative Enseignants Pas À Pas (CEPAP).

Une source d’enrichissements mutuels pour le personnel 

Les personnes issues de l’immigration récente peuvent apporter, dans leur milieu de travail, des perspectives nouvelles et inspirantes, qui s’appuient sur leurs propres expériences, leur culture et les méthodes de travail de leur pays d’origine. 

Du côté du personnel enseignant, la diversité constitue donc une source d’enrichissements mutuels. Travailler avec des collègues de différents pays expose en effet les enseignantes et enseignants à une variété différente d’outils pédagogiques et de méthodes éducatives. Une enseignante originaire du Maghreb, par exemple, pourrait intégrer de la poésie arabe ou des contes africains dans ses cours de français, faisant ainsi découvrir aux élèves de nouvelles références littéraires tout en développant leurs compétences linguistiques. Ces pratiques enrichissent le cadre d’apprentissage des élèves.

Vers une francophonie inclusive 

La diversité au sein du personnel consolide le rôle de pilier des écoles pour la promotion de la langue française en Ontario et la construction d’une francophonie inclusive. « La pluralité permet non seulement de mieux répondre aux besoins diversifiés des élèves, mais aussi de bâtir des milieux de travail où les échanges interculturels enrichissent l’ensemble du personnel », note Levit Koloko de la CEPAP.

Il en va de même au sein des autres milieux de travail francophones en Ontario, où la diversité culturelle représente bien plus qu’une simple addition de parcours variés. « En valorisant cette pluralité, les milieux de travail francophones offrent une image dynamique et vivante de la francophonie, où chaque individu peut s’épanouir dans sa singularité », conclut Gabrielle Lemieux.