Par Véronique-Marie Kaye, adjointe aux communications
Cette rubrique fait le point sur des sujets relatifs aux conditions de travail et aux droits des membres de l’AEFO.
Dans le quotidien des enseignantes et enseignants des écoles franco-ontariennes, ce qu’on appelle « le temps de préparation » est bien plus qu’un simple moment hors classe. C’est un espace professionnel vital qui permet au personnel enseignant de réfléchir, de créer, de collaborer et de s’épanouir dans sa mission éducative.
Ce temps, prévu dans l’horaire de travail, est consacré à des tâches pédagogiques fondamentales : planification de cours, correction, échanges avec les collègues, communication avec les familles… Autant d’activités qui nourrissent la qualité de l’enseignement et soutiennent la réussite des élèves.
Le temps de préparation est aussi un espace d’autonomie. C’est aux enseignantes et enseignants de décider comment l’utiliser, selon leurs besoins professionnels, leur rythme et leur réalité.
Cette autonomie professionnelle leur permet de mieux gérer la charge de travail. Elle pourrait même soutenir la rétention du personnel enseignant.
Malgré son importance reconnue, le temps de préparation est souvent précaire. À tous les paliers – élémentaire, intermédiaire, secondaire –, le personnel enseignant rapporte un manque de temps pour répondre aux exigences du travail (préparation des cours et des évaluations, correction des travaux, etc.).
Une étude pancanadienne récente de la Fédération canadienne des enseignantes et enseignants (FCE) confirme cette réalité :
À cela s’ajoutent une surcharge chronique de travail, notamment en raison de tâches administratives ayant peu ou pas de lien avec l’enseignement, ainsi que le manque de ressources en période de pénurie de personnel. On comprend mieux pourquoi il arrive que le personnel enseignant soit à bout de souffle!
Dans un milieu professionnel où il existe de plus en plus de contraintes, il n’est donc pas étonnant que le temps de préparation soit considéré comme un appui indispensable… à prolonger.
Le temps de préparation n’est pas un privilège, car il est inscrit clairement et sans équivoque dans les conventions collectives. C’est un droit, négocié et reconnu, qui vise à soutenir la pratique professionnelle des enseignantes et enseignants.
Bien qu’il soit protégé, ce droit mériterait d’être adapté aux réalités actuelles de l’enseignement. Comme le rappelle souvent l’AEFO, augmenter le temps de préparation serait une façon directe de valoriser la profession enseignante Promouvoir une culture de respect de ce temps auprès des employeurs en serait une autre. Et reconnaître que les leçons bien construites, les échanges constructifs avec les élèves et la qualité de l’enseignement dépendent, en grande partie, du temps consacré par les enseignantes et enseignants à répondre aux exigences de la profession… tout en exerçant leur autonomie professionnelle, bien évidemment!
Le temps de préparation est un droit clairement établi dans votre convention collective. Ce droit n’est nullement une faveur accordée par la direction : c’est une garantie négociée, destinée à soutenir votre pratique professionnelle et à protéger l’équilibre entre votre vie personnelle et professionnelle.
Selon toutes les conventions collectives du personnel enseignant régulier et suppléant, vos heures de préparation doivent être intégrées dans votre horaire et réservées exclusivement à vos tâches pédagogiques, telles que planifier vos leçons, corriger et évaluer des travaux, créer du matériel pédagogique, collaborer avec vos collègues, etc.
Les directions des écoles élémentaires n’ont aucun pouvoir décisionnel sur l’utilisation de ce temps par le personnel enseignant, tandis que les directions du secondaire disposent d’un pouvoir très limité.
Palier élémentaire et intermédiaire
À moins d’une situation exceptionnelle, votre temps de préparation ne peut pas être utilisé pour surveiller la cour, la cafétéria ou les autobus, couvrir des absences, assister à des réunions administratives, effectuer des tâches de gestion non pédagogiques.
Palier secondaire
Toute demande d’utilisation de votre temps de préparation à d’autres fins doit être exceptionnelle, justifiée et compensée.
ATTENTION : toutes les conventions collectives du personnel enseignant régulier et suppléant ne sont pas identiques. Il est donc important de consulter votre convention collective pour connaître les dispositions précises qui s’appliquent à vous.
Que faire si ma direction veut réduire mon temps de préparation?
Sachez tout d’abord qu’une direction n’a pas le droit de réduire votre temps de préparation.
Si cela se produit, discutez avec elle d’un moment pour le rattraper. La récupérer du temps perdu ne doit pas se faire en dehors de vos heures de travail ou durant vos pauses.
En cas de problèmes récurrents, l’AEFO vous conseille de documenter la situation (dates, heures, raisons, durées du temps perdu), et de communiquer dès que possible avec votre agente ou agent d’unité.
Puis-je refuser de faire une tâche administrative pendant mon temps de préparation?
En principe, un remplacement ponctuel peut être demandé en situation d’urgence, mais il ne doit pas devenir une pratique courante.
À l’élémentaire, votre convention collective prévoit que le temps de préparation est réservé à vos tâches pédagogiques uniquement.
Au secondaire, ce temps est alloué à vos tâches pédagogiques, mais la direction a le droit de vous demander de faire de la surveillance ou de la suppléance pour un maximum de 12 périodes par année scolaire. Si la direction veut dépasser ce nombre de périodes, n’hésitez pas à en informer votre agente ou agent d’unité.