Par Amélie Cournoyer, rédactrice agréée
L’Unité 204 comprend 41 membres employées et employés du Consortium Centre Jules-Léger (CCJL), qui est basé à Ottawa. Cette institution provinciale francophone de niveaux préscolaire, primaire et secondaire offre une éducation spécialisée.
Le Centre Jules-Léger a été fondé en 1979 par le ministère de l’Éducation de l’Ontario, qui a chargé les écoles provinciales de toutes les décisions administratives en lien avec les admissions et l’offre de programmes notamment. En 2015, le Commissaire aux services en français de l’Ontario a publié un rapport afin de dénoncer le modèle de gouvernance du Centre, en clamant qu’il ne tenait pas compte des réalités francophones et qu’il violait l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés voulant que « la communauté d’expression française de l’Ontario possède bel et bien un droit de gestion et de contrôle sur les programmes et les établissements d’éducation en langue française ».
Ce rapport a mené le gouvernement de l’Ontario à modifier, en 2017, la Loi sur l’éducation et la Loi de 2014 sur la négociation dans les conseils scolaires afin de créer une nouvelle entité sans but lucratif : le Consortium Centre Jules-Léger. Son fonctionnement est semblable à celui d’un conseil scolaire. Il est d’ailleurs gouverné par trois personnes élues de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO) et trois personnes élues de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC).
Le transfert officiel de la gouvernance a été officialisé le 17 août 2020. « On est alors devenu le 13e organisme responsable de l’éducation de langue française en Ontario », affirme Renée Lyne Girard, présidente de l’Unité 204 depuis la création de celle-ci, la même année. Le 17 août 2020 marquait également la date à partir de laquelle les enseignantes et enseignants étaient représentés par l’AEFO.
Deux écoles et une résidence
Sous le chapeau du CCJL évoluent deux établissements scolaires distincts : l’École provinciale – surdité, cécité et surdicécité ainsi que l’École d’application pour élèves avec des troubles sévères d’apprentissage. Un programme de logement éducatif est également offert à l’ensemble des élèves pour les soutenir dans le développement d’habiletés visant leur autonomie.
« Le fonctionnement du CCJL est vraiment différent de celui des autres conseils scolaires. Les enseignantes et enseignants ne sont pas seuls dans leur classe fermée. Ici, c’est le décloisonnement : tout le monde travaille en équipe dans des continuums d’intervention », soutient Ibrahima Diop, consultant à l’École d’application depuis janvier dernier et membre de l’AEFO. Ce dernier a une tâche variée. « Je m’occupe du processus de demande d’admission des élèves. J’effectue des évaluations et la rédaction de rapports. J’appuie mes collègues dans l’élaboration des plans d’intervention. Et je fais des remplacements dans les classes parce qu’il manque de personnel suppléant », énumère-t-il.
Ibrahima Diop veut aussi préciser que, contrairement à la plupart des autres conseils scolaires, il existe une certaine proximité avec les gestionnaires, dont les bureaux sont directement au Centre, comme c’est le cas de celui du directeur de l’éducation du CCJL. « C’est une situation unique d’avoir les salles de classe des deux écoles et les bureaux des gestionnaires au même endroit. Le contact direct avec elles et eux rend plus efficaces les discussions et le partage des points de vue », dit-il.
Des services consultatifs partout en province
Le CCJL propose aussi des services consultatifs en surdité, en cécité, en basse vision et en surdicécité aux enfants d’âge préscolaire et aux élèves fréquentant un conseil scolaire de langue française en Ontario.
Les consultantes et consultants du CCJL offrent des services par visioconférence de même qu’en personne. « On doit souvent sortir notre valise pour aller voir les élèves ayant des besoins particuliers dans leur milieu, peu importe où elles et ils se trouvent dans la province », dit Christine Sauvé Guindon, consultante en surdicécité au service consultatif depuis 24 ans. Son travail est axé sur le maintien des élèves dans leur milieu scolaire autant que possible. « On vient en soutien aux écoles et au personnel enseignant. Après une évaluation des élèves, on offre des suggestions académiques adaptées à leurs besoins. Il n’y a pas deux élèves qui ont le même profil », poursuit-elle.
Ces mêmes consultantes et consultants offrent aussi un soutien aux familles des enfants ayant des besoins particuliers en allant, par exemple, rencontrer les parents d’enfants d’âge préscolaire dans leur milieu familial afin de les aider dans leurs communications avec leur jeune. « On accompagne aussi les familles dans les différents rendez-vous médicaux afin de partager nos observations avec les spécialistes ou pour expliquer les diagnostics aux parents », précise Christine Sauvé Guindon, dont l’expertise est désormais reconnue à l’extérieur de la province. « Mes collègues et moi, on échange régulièrement avec des spécialistes d’à travers le monde. Puis on commence à être sollicitées et sollicités pour offrir des formations à l’international. »
Une unité en pleine expansion
Lors du transfert de la gouvernance du CCJL en 2020, le personnel, qui était majoritairement membre d’un autre syndicat, soit la Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (OSSTF/FEESO), est automatiquement devenu membre de l’AEFO. C’est alors qu’a été créée l’Unité 204. « Le premier mandat de cette unité a été de se négocier une première convention collective à titre de membre de l’AEFO, chose qui est toujours en processus actuellement parce que l’entente locale n’a pas été négociée encore », explique Anne Vinet-Roy, présidente de l’AEFO.
L’Unité 204 de l’AEFO est passée de 31 membres en 2022 à 41 aujourd’hui, soit 12 enseignantes et enseignants à l’École provinciale, 8 à l’École d’application, 18 consultantes et consultants et 3 enseignantes non qualifiées et enseignants non qualifiés de l’École provinciale. Une dizaine de membres de l’Unité vivent avec une basse vision ou une surdité.
« Depuis le transfert de 2020, on est en pleine expansion. On a beaucoup plus de rayonnement dans la province et à l’international, et l’Unité est plus sollicitée par les conseils scolaires. On a donc ajouté plusieurs classes dans les deux écoles et, cette année seulement, on a 100 nouveaux dossiers dans les services consultatifs », rapporte la présidente de l’Unité 204.
Avec cette expansion vient le défi de trouver du personnel supplémentaire. « On vit probablement la pénurie de main-d’œuvre plus fortement qu’ailleurs en province. Étant donné qu’on travaille avec une clientèle très spécialisée, nos enseignantes et enseignants doivent avoir une qualification additionnelle en plus de celle requise pour enseigner », explique Renée Lyne Girard.