Ce troisième numéro de votre magazine Le Trait d’union paraît alors que l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) est en pleine réflexion quant à l’intégration croissante de l’intelligence artificielle (IA), particulièrement en éducation.
Le dossier de l’heure du présent numéro porte justement sur le sujet. Cette nouvelle technologie, qui s’est récemment dévoilée au grand public, bouleverse déjà le monde de l’éducation; les spécialistes prédisent qu’elle chamboulera la manière d’enseigner, d’apprendre et de travailler.
L’IA promet de nombreux avantages au personnel en éducation, comme l’autonomisation de certaines tâches administratives ainsi que l’amélioration des méthodes pédagogiques et des ressources éducatives. Bien qu’on entende surtout parler d’IA en éducation, elle pourrait également apporter un soutien précieux au personnel membre des unités qui représentent le personnel de soutien et le personnel du Centre Le CAP. Or, pour en tirer pleinement parti, il faudra penser à acquérir la compréhension et les compétences nécessaires afin de bien l’utiliser, et ce, plus tôt que tard. Bref, une adaptation de la part des membres de l’AEFO est à prévoir et il importe de commencer à y réfléchir dès maintenant.
L’AEFO croit fermement que les membres doivent être impliquées et impliqués dans toutes les décisions concernant l’utilisation de l’IA dans leur milieu de travail, et ce, afin de s’assurer que ces technologies contribuent réellement à améliorer leurs conditions de travail et à les soutenir dans l’exercice de leurs fonctions.
Malgré toutes les promesses de l’IA, l’AEFO ne cache pas son inquiétude quant aux potentielles dérives de l’utilisation de cette technologie. On parle beaucoup de plagiat et de tricherie de la part des élèves à l’heure actuelle. Mais l’IA pose également plusieurs enjeux éthiques.
Les intérêts privés qui poussent le développement de l’IA préoccupent tout particulièrement l’AEFO. D’une part, l’IA entraînera une intensification de la participation du secteur privé dans les services publics éducatifs dans un but lucratif. Et vous savez que la privatisation en éducation est un autre dossier que votre association suit de très près; on en a d’ailleurs parlé dans le deuxième numéro du Trait d’union au printemps dernier. D’autre part, si l’IA se développe aussi vite, c’est à cause des dizaines de milliards de dollars qui sont investis annuellement par un petit groupe de superpuissances technologiques. L’accès équitable aux outils de l’IA, et dans notre langue de surcroît, représente donc une préoccupation importante pour l’association.
Bref, tout comme vous prenez le temps de vous approprier l’IA, l’AEFO reconnaît qu’elle a elle aussi du travail à faire, des questions à se poser. Pour l’instant, l’AEFO promeut l’approche humaniste proposée par l’UNESCO qui vise à orienter les pratiques en matière d’IA en éducation « vers la protection des droits de [la personne] et l’acquisition des valeurs et des compétences nécessaires au développement durable et à une collaboration efficace entre l’individu et la machine dans la vie, l’apprentissage et le travail ».
L’équipe de l’AEFO souhaite se montrer sensible au sujet de l’IA en éducation afin de soutenir ses membres dans cette transition tout en défendant leurs droits dans cette période de profonde mutation. Il est essentiel de se montrer solidaires afin d’assurer une transition équitable et bénéfique pour vous toutes et vous tous. Ensemble, nous pourrons transformer ces bouleversements en occasions favorables et veiller à ce que chaque membre puisse s’adapter et s’épanouir dans ce nouveau contexte.
Ultimement, la priorité de l’AEFO est de bien représenter ses membres dans ce virage numérique qui, selon les spécialistes, est le plus important de tous les temps.
Anne Vinet-Roy
Présidente de l’AEFO