Par Sabrina Osborne, conseillère en communications à l’AEFO
Lors de la dernière édition de la Collaboration internationale pour l’éducation, qui s’est tenue l’été dernier, quatre membres de l’AEFO se sont rendus au Bénin et au Togo. Nous avons échangé avec Fatima Khlifi et Mélanie Richard pour en apprendre davantage sur leur expérience.
Depuis 1962, le Projet outre-mer, maintenant connu sous le nom de Collaboration internationale pour l’éducation (CIE), permet aux membres du personnel enseignant du Canada de collaborer avec leurs homologues dans des pays en développement.
La CIE est le résultat d’un partenariat entre la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (CTF/FCE), ses organisations membres provinciales et territoriales, dont l’AEFO, ainsi que les organisations partenaires dans les pays en développement. Ensemble, elles planifient le calendrier des formations qui seront offertes dans les pays en développement. Ces formations couvrent divers domaines tels que la pédagogie, le leadership, le soutien organisationnel ainsi que le développement professionnel en matière d’équité, de paix et d’égalité des genres.
AEFO : Qu’est-ce qui vous a motivées à participer à la CIE?
Mélanie : Ma motivation première était de redonner ce que mon conseil scolaire et l’AEFO m’ont apporté sur le plan de la formation. C’était aussi une fierté de représenter mon syndicat et l’Ontario dans un pays étranger.
Fatima : J’ai toujours voulu acquérir de l’expérience à l’international pour comprendre le fonctionnement des systèmes éducatifs dans d’autres pays. Je souhaitais également explorer ce que le Canada peut apporter en matière d’éducation à l’échelle mondiale, car je me sens très chanceuse de travailler dans le domaine de l’éducation au Canada et de faire partie d’un syndicat comme l’AEFO.
AEFO : Comment avez-vous entendu parler de la CIE pour la première fois?
Fatima : Par une collègue membre de l’AEFO qui a partagé son expérience sur les réseaux sociaux l’an dernier. En voyant ses publications, j’ai été immédiatement intriguée par les possibilités que ce projet peut offrir. Cela m’a poussée à en apprendre davantage sur celui-ci et à finalement décider d’y participer.
Mélanie : J’ai découvert la CIE via le site Web de l’AEFO. J’étais curieuse de voir ce que l’Association offrait à ses membres au-delà des services habituels et ce projet m’a tout de suite intriguée.
AEFO : Comment vous êtes-vous préparées pour cette expérience?
Mélanie : La préparation a débuté en février 2024. Au début, nous avions des rencontres toutes les deux semaines qui comprenaient des activités brise-glace pour les participantes et participants du Canada. Ensuite, à la mi-mai, nous avons reçu le calendrier des formations prévues, puis nous avons entamé la préparation des ateliers.
Fatima : Nous avons également mené de nombreuses recherches sur le pays d’accueil. Une fois sur place, nous avons pu apprécier l’organisation, qui était excellente : nous avions un chauffeur et une coordinatrice pour nous accompagner. Nous avons aussi participé à des activités brise-glace avec les animatrices et animateurs locaux afin de renforcer la cohésion au sein de l’équipe. Cette préparation a été cruciale pour nous familiariser avec le contexte local et les objectifs du projet.
AEFO : Pouvez-vous nommer quelques ateliers que vous avez coanimés?
Mélanie : L’un des ateliers portait sur l’éducation des jeunes filles. Il avait pour objectif de sensibiliser à l’importance de l’éducation des filles et de discuter des défis spécifiques qu’elles rencontrent. Nous avons mis de l’avant des exemples de femmes togolaises qui ont réussi professionnellement grâce à leur éducation. Nous avons choisi des femmes connues et respectées au Togo pour montrer des modèles de réussite accessibles et inspirants.
Un autre atelier portait sur le syndicalisme. Nous avons discuté de son importance et des avantages d’être membre d’un syndicat. Nous avons partagé des exemples concrets de la manière dont les syndicats peuvent soutenir le personnel enseignant et améliorer les conditions de travail.
Fatima : Nous avons également offert des ateliers sur la gestion de classe, l’éducation positive en utilisant une ressource canadienne sur la gestion de classe, l’enseignement des mathématiques et la différentiation pédagogique. Ces ateliers ont permis de partager des méthodes innovantes et de promouvoir des pratiques éducatives positives favorisant la motivation et le bien-être.
AEFO : Est-ce que les enseignantes et les enseignants du Togo sont syndiqués?
Mélanie : Pas tout le monde. Au Togo, il existe plusieurs syndicats auxquels le personnel enseignant peut adhérer. Nous avons d’ailleurs visité les nouveaux locaux de l’un d’eux, soit celui de la Fédération des syndicats de l’éducation nationale (FESEN). Les gens sur place étaient fiers de nous faire visiter leurs nouveaux bureaux.
Fatima : Au début, nous pensions que tout le monde était syndiqué, mais ce n’était pas le cas. Les discussions sur le syndicalisme lors des ateliers ont été très transparentes et nous avons pu constater l’importance que les participantes et participants y accordent. Malgré les moyens limités des syndicats locaux, la volonté de renforcer le syndicalisme était claire.
AEFO : Pouvez-vous décrire une journée typique sur place?
Mélanie : Nos journées commençaient par un réveil vers 6 h 30, suivi d’un petit-déjeuner à l’hôtel. Ensuite, nous partions vers 7 h 30 avec un chauffeur et des personnes assurant notre sécurité pour arriver au lieu de formation vers 8 h. À notre arrivée, les gens étaient déjà sur place, prêts à démarrer la journée.
Fatima : La journée était rythmée par des présentations, des ateliers coanimés avec des inspectrices et inspecteurs pédagogiques locaux ainsi que des moments de partage culturel, comme des chants et des danses. Les participantes et participants étaient très engagés et ponctuels, ce qui rendait les séances très dynamiques et interactives. Nous terminions la journée par des discussions approfondies et des ajustements pour améliorer les ateliers du lendemain, assurant ainsi une progression continue et une adaptation aux besoins des personnes participantes.
AEFO : Quelles compétences et connaissances avez-vous acquises grâce à cette expérience?
Mélanie : J’ai développé une plus grande ouverture d’esprit et une meilleure compréhension des différentes cultures. Cette expérience m’a appris à m’arrêter pour parler aux gens et apprécier leur gentillesse de même que leur générosité. C’est incroyable ce que nous pouvons apprendre les uns des autres.
Fatima : Cette expérience m’a permis de mieux comprendre les réalités éducatives dans d’autres pays, en plus de m’apprendre l’importance de la flexibilité et de l’adaptabilité aux situations imprévues. Travailler avec des collègues de divers horizons m’a également aidée à développer des compétences en collaboration et en communication interculturelles.
AEFO : Y a-t-il une expérience marquante que vous aimeriez partager?
Fatima : Il y a eu tellement de moments mémorables! La générosité et la bonté des gens m’ont particulièrement marquée. Par exemple, la directrice de notre hôtel nous a offert des robes qu’elle avait fait coudre pour nous. J’ai également été touchée par les chants et les danses des personnes participantes. Ces moments de partage culturel ont vraiment renforcé les liens entre nous.
Mélanie : Leur accueil chaleureux et leur joie de vivre m’ont beaucoup marquée. Et, comme Fatima, la robe offerte par la directrice de l’hôtel m’a profondément touchée. Elle a pris le temps de choisir des tissus magnifiques et de les faire coudre en robes spécialement pour nous.
AEFO : En conclusion, quels sont vos projets suivant cette expérience?
Mélanie : Cette expérience m’a ouvert des portes et m’a montré l’importance de l’éducation pour toutes et tous. Prochainement, je prévois prendre une année de congé sans solde et partir enseigner bénévolement au Togo. Ce n’est pas encore confirmé, mais c’est quelque chose que j’aimerais vraiment faire.
Fatima : J’aimerais continuer à m’impliquer dans des projets internationaux en éducation. J’envisage de devenir consultante en éducation et de travailler avec des organismes internationaux pour développer des programmes éducatifs dans différents pays. J’aimerais également partager ce que j’ai appris au Togo avec mes collègues au Canada dans le but d’enrichir notre approche éducative.